Articles dans 'Normes, Standards, TIC'

La jument et la virgule

1 comment 30 octobre 2006

Défense maladroite de l’essentiel

oiseaux sur un fil dans la brume. BenideL’empereur de Chine avait besoin d’un cheval « le plus rapide et endurant qui soit», dit-il à son chambellan. Celui-ci lui répondit : « J’ai un ami de grande sagesse et perspicacité, il le trouvera sûrement ». Alors l’empereur envoya l’ami, versé dans le Tao, parcourir le monde. Au bout de plusieurs mois une lettre parvint au souverain : »Trouvé votre bête. Mâle blanc au long poil. Arrive en bateau ». La joie de l’empereur se transforma en colère quand il aperçut l’animal. « Ton ami n’est pas seulement imbécile, mais aussi aveugle. C’est une jument noire au poil court ! Comment le croire maintenant ? » « Essayez-la quand même, dit le chambellan. » Ce que fit l’empereur. A la tombée de la nuit, celui-ci mit fin à sa cavalcade et à l’angoisse des serviteurs. « C’est vraiment la bête la plus rapide et endurante que j’ai jamais connue. Je donnerai un beau présent à ton ami l’aveugle ». « Maintenant je sais que mon ami a atteint la sagesse absolue, dit le chambellan, il a renoncé à s’attarder sur l’accessoire pour voir seulement l’essentiel !».

Conte taoïste

L’histoire ne dit pas combien de journées de contemplation et méditation ont été nécessaires au sage pour acquérir la vision de l’essentiel. Elle ne dit pas non plus combien de temps il faudra pour que la réflexion sur un catalogage et une indexation avec l’usager pour centre ne soit vraiment entamée en profondeur. Au delà des débats byzantins sur les anges qui peuvent danser sur la pointe d’une aiguille et les virgules qui dansent sur une notice ISBD, il y a deux aspects complémentaires mais qui, vus d’un certain angle, peuvent paraître antagoniques : la facilité et efficacité de la recherche (pour chercher et trouver ce que l’on cherche) et l’interopérabilité - qui demande de « ratisser large » tant qu’une vraie harmonisation ne sera pas vraiment instituée (et que la technologie qui la sustente ne fonctionne à 100%). Et bien évidemment, la pérennité des données – carburant utopique qui fait quand même bouger les choses. Concernant l’efficacité de la recherche – et sa facilité, le point de vue ici est celui de l’usager, de ses réels besoins, pas celui du documentaliste – bibliothécaire – archiviste – archidocuthécaire. Réfléchir ainsi serait trahir la – les profession(s) ?, piétiner l’Ultima Ratio du Spécialiste ? La guerre du Thésaurus aura toujours lieu ? D’autant plus qu’il n’ y a plus d’empereur de Chine et qu’on n’a nul besoin de cheval pour crier « yahoo ! » … ou goo…gleaarrggg .Et que le sage trouva la bête – quand même – plusieurs mois après le début de son périple.

Des brèves très vite très brèves

Ajoutez un commentaire 11 octobre 2006

Greenstone, CDS… et le libre.

lave. Benide
Une fois n’est pas coutume, voici trois rapides :

1 - Greenstone, le gentil dinogiciel (toujours costaud et plein de vitalité) de bibliothèques numériques vient d’annoncer sa version 2.71. Cette mouture (feature release) apporte des nouveautés et des améliorations au niveau de l’ergonomie de l’interface d’administration, une plus grande facilité de personnalisation de l’apparence, l’utilisation de XSLT pour transformer les différents formats importés - à travers une conversion préalable en XML. Un enregistrement (records) peut contenir plusieurs documents, et il est possible désormais d’asigner des métadonnées spécifiques à chacun. On peut télécharger des fichiers maintenant à travers les protocoles HTTP, Z3950, FTP, SRW et OAI. Et un grand etc.
Il amène aussi des mises à jours dans des langues telles que l’arabe, l’hébreu et le gaélique. D’autres langues voient le jour dans la maison de la Pierre Verte, dont le marathi, l’ourdu et le slovaque.
Voilà qui donne envie de tester cette nouvelle venue (pas en marathi bien sûr). En attendant la version 3, annoncée depuis longtemps (en version alpha) et qui promet d’être une bombe … à retardement.

2 - Le CERN n’a pas chômé pendant l’été. Ce puissant défi aux bibliothécaires système connu jusqu’à présent sous le nom de CDSware (serveur de preprints électroniques et logiciel de gestion de bibliothèques numériques) devient CDS Invenio. Ainsi la première denomination devient générique pour tous les outils du CERN Document Software consortium. Puis qu’invenio, ou inveniare, veut dire à peu près “trouver” en latin, admirons la trouvaille marketing. Signalons que CDS Invenio est sous licence Gnu GPL, et donc est librement téléchargeable, son code source est ouvert, on peut le modifier (voilà de quoi s’amuser le week-end), etc.

3 - Vu le succès de la formation continue “Logiciels libres en bibliothèques et centres de documentation”, la Haute école de gestion de Genève la refait du 6 au 7 novembre, à Battelle. Il sera question entre autres de ce qui est écrit ci-dessus, mais aussi d’autres outils, de Linux & co., des aspects juridiques, techniques, sociologiques… et professionnels (Infodoc) de l’open source… rien que ça! Un serviteur sera de la partie, côté “dispensateurs de sagesse”. Pour ceux / celles à qui cela intéresserait, il reste encore quelques places… La page de la formation ici

Bonne soirée.

Le brouillard se dissipe (partiellement)

3 comments 7 octobre 2006

Semaine du document numérique 06 (2)

Catédrale de FribourgVoici, avec un confortable retard et après que tous l’ont oubliée, un bref et tendencieux résumé de la semaine.

Pour rappel notre fil était : les manifestations

a) sans les professionels ID
b) avec les prof. ID
c) par les prof. iD.

a) (il y a des jours) SANS :
exemple, le CIFED : conférences d’un niveau scientifique solide et inévitablement complexe pour les simples mortels. Il y a eu des interventions sur “l’extraction de la structure des documets manuscrits complexes à l’aide de champs markoviens”, “l’indexation de documets manuscrits” (plus accessible). P. Gallinari et S. Bengio ont présenté une dense et passionante étude sur la Recherche et identification automatique d’information dans les documents numériques (textes, images, multimédia). Pour l’instant le pourcentage d’efficacité est de l’ordre du 25%. Les recherchistes et autres documentalistes ont encore des beaux jours devant eux!

b) (et des jours) AVEC :
exemple, la conception du logiciel CASTORE : les documentalistes étaient au centre du projet, consulté -e-s au sujet de la structure, du système de classification des documents proposé, de “l’utilisabilité”, etc. CASTORE, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un outil qui permet de créer et gérer des réservoirs de littérature grise. Ou des bibliothèques numériques scientifiques. Ila été conçu à l’Ecole des Mines de Nantes. Par rapport à d’autres logiciels à vocation semblable ou proche, dont la forteresse inexpugnable CDSware, CASTORE est assez convivial et -presque -”clé en main”. Il est en plus multiplateforme, c’est-à-dire qu’il fonctionne aussi bien sous GNU/Linux que sous Windows. Il répond aux besoins de petites et moyennes institutions : une université, un centre de recherches. Dévéloppé en Java et Xml, il permet dans sa dernière version le dépôt OAI, la gestion des documents multimédia, possède un nouvel outil de workflow… Des feuilles de style permettent d’homogéneiser la présentation des contenus, de les différencier ; un double processus d’indexation: ‘naturelle’ par le créateur, contrôlée par le documentaliste, facilite et clarifie l’accès aux informations. Une fois la recherche avancée améliorée (nous avons fait une demande en ce sens, espérons qu’elle aura une suite), CASTORE deviendra un incontournable dans sa catégorie.

Côté SDN, nous avons assisté à une présentation et un atelier des travaux pratiques (formation) avec M. C. Dumas, l’un des directeurs du projet. Choix courageux, il s’est basé sur la dernière version 1.2, encore en phase bêta au moment des faits.

c) (et même des jours) PAR les profesionnels ID : Une présentation de P. Iriarte sur implémentation des fils RSS au Centre de documentation en santé publique de Lausanne. Vraisemblablement construit sur le CMS Drupal, le site du Centre permet de s’abonner soit à un fil général, soit au choix par sujets. Ils permettent de se tenir au courant de nouveautés bibliographiques et en ligne. L’envoi de flux par e-mail est prévu.

…et tant et tant de choses… et à la fin on ressent un plaisir enfantin à toucher du vrai papier, un vieux livre trouvé dans un parc (le bookcrossing faisait aussi l’objet d’une présentation à la SDN), un vieux livre banal et unique, qui ne sera jamais numérisé, dont on oubliera l’auteur - c’est peut-être le dernier exemplaire, un vieux livre fragile qui vivra à jamais dans le limbe des disparus, là où la connaissance devient fantasme, fantasme enrichissant, dans la bonne compagnie de tous les manuscrits brûlés à jamais à la bibliothèque d’Alexandrie.

Google Blind Marketing

Ajoutez un commentaire 10 septembre 2006

Ou le malin surfeur sur la vague de l’accessibilité

“L’accessibilité du Web signifie que les personnes handicapées peuvent utiliser le Web. Plus précisément, l’accessibilité signifie que le Web est conçu pour que ces personnes puissent percevoir, comprendre, naviguer et interagir de manière efficace avec le Web, mais aussi créer du contenu et apporter leur contribution au Web.”
Site du W3C Québec, http://w3qc.org/docs/accessibilite.html

In Google we trust. Google-dollar. Par Benide On a tous salué avec plaisir l’intérêt désintéressé de Google pour les handicapés. En effet, l’omniprésent moteur de recherche a lancé son Google Accessible Search, censé être au service des malvoyants, et permettre la recherche aisée de sites respectant les consignes / directives de l’accessibilité numérique. Alors nous sommes allés, pleins d’espoir, tester le moteur spécialisé de Google labs.

Premier constat : l’interface, elle, est parfaitement accessible et conforme aux standards du W3C. Ceci vaut d’ailleurs pour l’interface “normale” du moteur. Pas difficile, en fait, compte tenu du design et code html minimaliste (mais efficace, rien à dire). Ainsi la page des résultats a passé les tests de validation de HiSoftware /Cynthia says). Du moins concernant la priorité 1 (A) des WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) de la WAI(Web Accessibility Initiative). Et la Section 508 (législation USA) mais cette dernière est, comme tout le monde le sait, légèrement plus permissive - et plus ancienne aussi, il faut le reconnaître. Bref, que du bonheur dans la première étape mais nous voulions l’essentiel, le but de la recherche, les sites accessibles trouvés pertinemment par notre Googlinet préféré.

Et c’est là que tout se gâte. Comme nous nous intéressons à la recherche (du temps perdu), nous avons tapé comme premier objet de recherche : “Proust”. Une bonne liste de liens savoureux sont apparus. Nous avons choisi le deuxième (en pertinence pensions nous). Le site des citations de Marcel Proust, très riche en contenu intéressant, par ailleurs : http://perso.orange.fr/proust/proust/Index.htm. Et là, constat. La page d’accueil de ce site est composée de : 1) frames 2) texte défilant 3) pages internes ouvertes dans des fenêtres différentes 4) Ne possède pas de (X)HTML valide 5) A des erreurs CSS (ceci étant moins grave) et surtout 6) Les pages ne passent pas les tests de priorité 1 du WCAG ni de la section 508. Pour simplifier, le site est, en principe et à moins d’un miracle tel celui de Matthieu 20.34, impropre aux personnes handicapées. C’était le deuxième choix proposé par Google Accessiblity Search. Comme premier contact, cela ressemblait fortement à une douche froide dans une terrasse québécoise au mois de février.

Petit aparté sur Cynthia says : c’est un outil (imparfait comme tout outil et comme tout être humain d’ailleurs) très riche qui permet de tester l’accessibilité de votre site selon à choix : la Section 508, les prorités 1 , 2 et 3 (AAA) de la WAI. Il permet aussi d’émuler le comportement de votre site selon le navigateur : IE jusqu’à la version 6, certaines versions de Netscape et Opéra. Il n’y a malheureusement pas Mozilla Firefox, mais ce dernier à une extension qui permet la validation.

Comme c’est un produit nouveau, espérons que les faiseurs d’algorithmes de chez Google peaufineront leur code. Ceci sera bénéfique pour tout le monde. Car on s’en doute que ce n’est pas seulement la fibre humaine de chez Google qui les a poussé à développer l’outil. L’accessibilité numérique est en effet à l’ordre du jour, aux Etats-unis et en Europe le législateur s’en mêle et moins honorable mais pragmatique, les firmes comprennent que les handicapés dont les malvoyants sont aussi des clients et des consommateurs, donc une source potentielle de revenus. Car, comme l’a si bien souligné J. Zeldman “les aveugles achètent aussi des téléviseurs” (en réponse à un responsable web d’une grande marque de produits multimédia dont des appareils TV).

Que dire donc des sites de nos bibliothèques et centres de documentations, et des OPACS qu’on y trouve…L’article “sérieux” que nous avons promis approche. A différence d’une célèbre étude réalisée en 2004 sur l’accessibilité dans le privé et dans les sites étatiques suisses(cantons et confédération), nos tests - à visée plus modeste - seront faits sur des sites professionnels et avec des outils d’analyse et simulation disponibles librement, pas (encore) avec des malvoyants. Mais, à différence des auteurs de l’étude, nous ne serons pas sponsorisés par une certaine société de Redmond, ainsi nous ne citerons pas seulement Internet Explorer en tant que navigateur, et nous ne dirons pas que celui-ci est - du moins jusqu’à la version 6 - extrêmement respectueux des standards.

Le pain et la brioche

Ajoutez un commentaire 2 juillet 2006

Les TIC, Marie-Antoinette et les pays en développement

sos: les priorités. Par BenideUne étrange ambigüité teint les rapports du “Premier Monde” compatissant avec les désormais pays “émergents”. Les nouvelles technologies vous sauveront, disent à l’unisson la gauche et la droite, les chefs d’entreprise et les responsables de bibliothèque, les ministres et les opposants. Un déferlement d’idées “originales” envahit la presse et les rencontres internationales. Après avoir critiqué la sournoise dépendance suscitée par Nestlé et son “généreux” lait en poudre pour l’Afrique, et les philantropiques dons de hardware bourré de logiciels microsoft pour ces mêmes pays, nous voici pâmés devant les pc à 100 dollars fonctionnant à l’huile de coude et équipés de Linux. “On a enfin trouvé quelque chose de bien (ou debian) pour le ‘tiers monde’, les nouvelles technologies sont à leur portée”. Bien que certaines distributions Linux n’aient rien à envier (au contraire) en richesse, stabilité et légèreté (elles le sont davantage) aux systèmes d’exploitation propriétaires, elles ont quand même besoin d’internet - et pas du bas débit - pour être mises à jour, et les plus récentes nécessitent une certaine dose de mémoire vive, entre autres, peu fréquentes dans du matériel au rabais. En outre, une formation s’avère nécessaire pour les maîtriser -l’accès à l’éducation est donc primordial, et prioritaire. Ce que tendent à ignorer certains -on a lu récemment dans un journal comment dans certains endroits de l’Inde des paysans pouvaient consulter la météo et les prix du grain grâce à des outils informatiques mis à leur disposition et -se réjouissait le journaliste -”sans avoir même besoin de savoir lire”!

Les médicaments génériques constituent une bonne solution pour l’accès à la santé, mais ils ne sont pas des remèdes “allégés”, la seule différence avec des médicaments “propriétaires” c’est la marque et le prix. Ils faudrait donc d’une part, offrir des logiciels libres bien entendu, et d’autres si besoin est, mais dans du matériel performant, et donner l’accès aux réseaux mondiaux au plus grand nombre. Il faudrait aussi, d’autre part, réconsidérer les priorités et se focaliser davantage sur ce qui bloque vraiment l’accès des millions d’individus aux savoirs (occidentaux) mais surtout leur accès à la vie (eau, nourriture, paix). Que Mallarmé veuille bien me pardonner mais “un clic de souris jamais n’abolira la faim”.

Pour ceux qui demandent avant tout du pain, la brioche technologique a un arrière goût amer.

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