Articles dans 'Ethique, liberté'

trAnsPARENCES

Ajoutez un commentaire 26 février 2011

Zamiatine, Faceleaks, Andersen

apparnce rienCelui qui ne voyait pas sur les épaules du roi le manteau de brocart et pierreries n’était pas enfant de parents honnêtes. Et il était, de surcroit, imbécile. Alors ils voyaient tous l’étoffe rare, l’éclat des pierres. Et ils s’écriaient, en chœur : quelle beauté, quel métier, quel ouvrage! Car ils aimaient tous leurs parents – et s’aimaient encore davantage eux-mêmes. Les escrocs, eux, ont cher vendu leur vent.

Et pourtant il était devant eux, l’empereur, nu comme un ver sorti de sa pomme. Mais il n’y a pas d’œillères plus efficaces que le poids de la masse, de l’opinion admise, du qu’en-dira-t-on.

Ainsi la lettre volée de Poe, qui se dérobe en se montrant. En l’offrant à la vue de tous le coupable la cachait, car on cherchait partout sauf là, devant leurs yeux, où le fameux document les narguait.

Que nous cache-t-on en nous montrant, avec impudique insouciance, le dessous des cartes du monde vu à travers les yeux myopes de la diplomatie américaine ? Comment a-t-on érigé en vérité ultime ces câbles biaisés, qui se sont laissés capturer avec une si enfantine facilité ?

*

Visages livrés, rumeurs suintant du mur dans une délicieuse parodie du courage : deux faces d’une même monnaie. Une monnaie de plomb vendue comme de l’or par des faussaires alchimistes – et dont la devise est « Rien à cacher ». Mais comment cacher -bien entendu -le « rien »?

Dictature des apparences, dictature de la transparence. Ils vivent dans la société idéale, jour et nuit sans rideaux, des murs en verre - des corps en verre, surfaces sans nom et sans ‘intime’. Le bonheur est dans la lobotomie. “L’Homo sapiens ne devient homme – disent-ils - que lorsqu’il n’y a plus de points d’interrogation dans sa grammaire”. Le « moi » a été écrasé par le « nous », par les amis qui aiment « ça ». L’élément D-503, orthodoxe gardien du système, se voit « dévié » par une femme qui a gardé, par miracle, comme d’autres dissidents, les plaisirs de la vie à l’ancienne. Son journal change alors, des sentiment affleurent, il cherche le rare instant d’ombre… Les conséquences, surtout pour la femme, sont désastreuses… Car dans un monde où tous sont vus de tous - et tout de ce ’sur-tout’ que l’on confond à tort avec l’un, le seul journal vraiment intime, la seule authentique parcelle de vérité, ne peut germer qu’à l’abri de la lumière.

Ceux qui veulent châtrer…

2 comments 16 novembre 2009

…l’islam

homme verité Étrange initiative – populaire – que celle lancé par un parti suisse connu par ses penchants xénophobes et antieuropéens. Il s’agit rien de moins que de fixer dans la loi l’interdiction de construire des minarets, ces appendices verticaux des mosquées. Étrange –davantage –le fait que des personnes traditionnellement ouvertes à l’Autre, et à sensibilité de gauche, se déclarent tantôt dubitatives, tantôt prêtes à voter à faveur de l’initiative. Étrange – en apparence – que certaines femmes éclairées, notamment des féministes, votant et ancrées principalement à gauche, se disent séduites par celle-ci. A la question du pourquoi, elles (et ils) évoquent immanquable et incessamment l’oppression des femmes, le manque de liberté de ces dernières et, en général, l’extrémisme religieux. A la question de savoir où se situe le lien directe entre ces tours à capuchon et le voile islamique, elles (et ils) insistent sur le caractère moyenâgeux des pratiques, sur l’aspect conquérant et agressif d’un tel objet architectural.

Loin de moi prétendre maîtriser la « chose psychanalytique », mais dans ce cas précis il y a des éléments qui sautent littéralement aux yeux. Cet engouement pour l’amputation d’un organe de béton, sans rapport logique ni, utilisons le mot, conscient, avec les éléments qu’on escrime pour le combattre, a de quoi faire dresser l’oreille. Le minaret se lève, raide et vertical dans le paysage. On lui associe fantasmatiquement une signification conquérante, certains le comparent à une baïonnette, d’autres, notamment les fabricants de l’initiative, en voient un missile. Symboles phalliques qu’on lui associe donc, d’une masculinité agressive et, pour certain(e)s, menaçante. Ainsi voudrait-on, inconsciemment (et ce mot est utilisé ici avec ses deux sens possibles) l’extirper, rendre impossible son érection. En d’autres termes, “féminiser” la religion, lui enlevant son « attribut » masculin dans le fantasme, le phallus-minaret.

Mais il serait temps, pour celles et ceux qui agissent dans la situation présente comme hypnotisé-e-s, de secouer leur inconscient, et, ainsi (r)éveillé-e-s, percevoir les vrais enjeux, et placer leur énergie combattante là où cela le mérite vraiment.

Droit…à la vérité

Ajoutez un commentaire 12 octobre 2009

homme verité[..]Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.
Pilate lui dit: Qu’est-ce que la vérité? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau […]
Jean, 18

Le Conseil des droits de l’homme (CoDH), dans le point 7 de sa résolution 9/11, demande au bureau du Haut commissaire sur les droits de l’homme une étude sur les meilleures pratiques dans l’implémentation du droit à la vérité, en particulier concernant la protection des archives sur les violations des droits humains.

L’étude (A/HRC/12/19 ) fut présentée dans la 12ème session du CoDH, en septembre 2009. On y trouve des allusions à l’importance de : la préservation, les codes de déontologie, la migration vers des supports numériques nouveaux ainsi que la formation professionnelle des archivistes.

Les archives et les « records », sont donc (ou seraient) de première importance quand il s’agit de connaître « la vérité », c’est à dire, ce qui s’est vraiment produit en un lieu et un moment précis. A partir de là il est possible de savoir, de comprendre, de dénoncer, de juger et, éventuellement (mais ce n’est pas forcément le but) de pardonner.

Précieux dépôts d’atrocités que ces archives, précieux pour la justice et la mémoire. Mais faut-il encore qu’ils soient « écoutés » comme il se doit, qu’on ne tourne pas le dos à leur témoignage, comme fit Pilate nous léguant à jamais cette béance de la réponse ultime, jamais entendue. Et après il se lava les mains.

Car un certain et inévitable angélisme très onusien se glisse dans l’étude, qui place trop d’espoir dans les archives institutionnelles, sachant que, dans de n-ombreux états, celles-ci sont un outil de (du) pouvoir et que les violations officielles n’y trouveront pas leur place. Et que, même au Conseil, compte tenu des rapports de forces, ce n’est pas toujours la vérité (ou ce que nous nommons ainsi) qui triomphe.

Et tout cela, réflexions fumeuses d’un octobre brumeux, me rappela ce conte (ou plutôt cette parabole) africain :

Le Mensonge et la Vérité, deux guerriers qui se haïssaient à mort, s’affrontèrent à coup de machette. Le Mensonge, plus habile, trancha le premier la tête de la Vérité. Mais celle-ci, plus courageuse, avec ses forces ultimes, et (logiquement) sans voir, coupa à son tour la tête du Mensonge, qui tomba. Elle tenta ensuite de récupérer son chef, mais, ne voyant pas, attrapa celui du Mensonge et le planta dans son cou. Dès lors, c’est ainsi qu’il parcourt le monde, ce survivant, être double et étrange : le corps (et le cœur) de la vérité avec le visage (et le cerveau) du mensonge.

…peut en cacher (vraiment?) un autre

Ajoutez un commentaire 23 février 2009

mitra négativeLoin de moi l’intention de « ressusciter » complètement ce blog, qui reste quand même en état de veille (dans tous les sens du terme). Mais c’est non seulement un blog d’infodoc, mais aussi de société. Ainsi je vous propose une devinette éphémère car résolue de suite :

Qui a prononcé la phrase qui suit?
« Même au-dessus du Pape comme expression du caractère inaliénable de l’autorité ecclésiastique se trouve la conscience, à qui l’on obéit en premier lieu, si besoin est y compris contre ce qui dit l’autorité ecclésiastique »

Vous l’aurez deviné, un certain théologien nommé Joseph Ratzinger, en l’an de grâce de 1968. Le remue-ménage (et méninges) provoqué par Vatican II battait son plein. Le Pape de l’époque était pour le changement. Deux ans plus tard, en 1970, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X voyait le jour. Son fondateur, Mgr Lefebvre, dirait quelques année plus tard : « Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l’Église depuis dix-neuf siècles ».

Vous avez dit coïncidence ?
« Honni soit qui mal y pense ! ».

En 2009 le pape Benoît XVI (alias Joseph Ratzinger), lève l’excommunication contre les évêques de la Fraternité Saint-Pie-X. Que peut-on dire? La boucle est bouclée? Le retour du refoulé? Le serpent (du paradis, faute de pommes) se mord la queue ? A vous de voir.

Numérisation et partage des savoirs

1 comment 19 mai 2007

4DigitalBooks ouvre ses portes aux étudiants ID

la machine à numériser des livres Un groupe d’étudiants de 3ème année de la filière ID de la Haute Ecole de Gestion de Genève eut la chance, la semaine dernière, de s’initier à une technologie rarement accessible. Mr Ivo Iossiger, président de la société 4DigitalBooks, accueillit les étudiants dans ses ateliers pour une formation d’une journée.

Encadrés par des professionnels de la boîte, les futurs spécialistes en Information documentaire ont pu s’initier aux différentes filières de numérisation, depuis l’acquisition jusqu’à la délicate mais essentielle Reconnaissance Optique de Caractères. Pour la première étape ils ont pu manipuler l’outil vedette de l’entreprise, la machine capable de numériser des livres entiers (même complexes) à la volée, grâce à une technique maison d’aspiration des pages.

Transparence dans les activités, intransigeance quant à la qualité. A l’heure où une certaine Bibliothèque Universitaire Romande vient de signer un “avantageux” pacte avec Google, une question me vient souvent : quelqu’un sait comment ce dernier numérise de si enormes quantités de documents, quelles sont les conditions de travail de ceux qui effectuent les tâches? Voici une question à se poser et pourquoi pas , à poser à Google himself. Ses porte-paroles se feront certainement (j’aimerais le croire) un plaisir de vous répondre. Car le partage et la mise à disposition des savoirs ne doivent pas s’arrêter au contenu, mais s’étendre à tout ce qui entoure et permet cette mise à disposition. Et l’ignorant devient aussi complice.

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