Archives du mois : juillet 2006

(Dé / Trans / In) formation documentaire

Ajoutez un commentaire 30 juillet 2006

Ou de l’inconvénient d’être une fourmi à tête de cigale

reine des fourmis mutantes. Par Benide
Dans le monde des Hautes écoles, la position de la filière ID n’est pas précisément la plus confortable. Il existe en effet une division tacite entre formations “fourmi” et formations “cigale”. L’économie, fourmilière par excellence (depuis qu’argent est devenu synonyme de travail) à la plus haute visibilité. Dans l’autre extrême, les Ecoles d’art ont su (en général) bien négocier leur situation de “cigales nécessaires”. La formation ID se trouve elle entre deux ou plutôt trois pôles ( feux) : de par son caractère traditionnellement lié à la préservation du patrimoine et la culture en général, elle est naturellement associée aux ‘humanités’. Les mutations technologiques (TIC, etc.) la font se situer, pour se maintenir dans la course, près des formation axées sur les compétences techniques. Sa vocation de service, alliée au fait d’une quête de “justification de solvabilité / utilité” la rapprochent des formations économiques. Fourmis à tête de cigale, insectes laborieux à l’âme d’artiste, ouvriers polychromes. Voilà ce que nous sommes. Je devient “poétiquement” tautologique : ce n’est pas simple de ne pas être simple.

Concrètement, voici quelques axes de réflexion et d’action:

  1. La visibilité de la formation, son utilité vue de l’extérieur.
  2. las formation elle même, son contenu
  3. les débouchées de la formation son adéquation aux demandes du monde du travail (en raport avec les deux premiers)

Visibilité, regard externe :

Il paraît inconcevable qu’en 2006, à même les couloirs de Battelle (siège de l’HEG), on puisse entendre, s’adressant aux étudiants de notre filière :”mais il faut étudier trois ans pour ça?” Quand ce n’est pas tout simplement “mais il faut étudier pour ça?” Bien que cette question mâtinée de condescendance émane des étudiants des autres filières, il y a vraisemblablement parmi certains de leurs enseignants (et parmi certains décideurs aussi) une perception pas très différente de notre formation. Ignorance, mauvaise foi de leur part ou déficit d’information /documentation / communication de la nôtre?

La formation en soi

Pour suivre les mutation du système éducatif et de la société (Bologne, dématérialisation, etc.) les cours doivent s’adapter. Grand défi pour tous : dirigeants, enseignants, étudiants. Bon exercice pour les nerfs et les neurones, ce processus est aussi destabilisant pour tous, en particulier pour une certaine catégorie d’étudiant qu’avait une toute autre vision de la profession en s’inscrivant à l’HEG. Et qui se pose la question : que deviendront-nous au bout de trois ans : méga-catalogueur, semi-informaticien, proto-archiviste, quart d’économiste…? Question accessoire : quel est le profil de l’étudiant HES ID “idéal” - en 2006 ? Autre question accesoire : quelle est la vitesse idéale de cette “Course de la Reine Rouge”? (Nous y reviendrons).

Débouchées, adéquation

Domaine épineux que celui-ci. Des enquêtes ont été certainement faites, des contact existent certainement entre les deux mondes. Cependant, des malentendus persistent. On les voit de temps en temps dans les offres d’emploi, où l’on confond bibliothécaire, sécrétaire et homme / femme à tout faire (et où l’on confond surtout les diplômes). Ignorance, mauvaise foi ou déficit…? Dans certaines offres il y a comme un trou noir concernant les diplômé-e-s HES ID. Ainsi, par exemple, certains services d’archives demanderont une formation d’historien pour les postes “importants” et des employé-e-s de commerce (et dans le meilleur des cas des assistant-e-ID) pour les tâches dites subalternes.

D’un autre côté, on perçoit une demande, d’une part, de compétences pointues : numérisation, maîtrise d’outils informatiques spécialisés ; d’une autre, une forte demande de professionnels à culture générale élévée et polyglottes (ou du moins correctement bilingues : français /anglais pour les organisation internationales, français - allemand pour les emplois d’état).

Je ne m’arrêterai pas sur la concurrence que risque de s’établir entre les différentes formations / institutions, surtout au niveau supérieur, en particulier au niveau postgrade, maîtrise, doctorat. Je me demade juste sil ne s’agit pas de dispersion plutôt que de concurrence et de s’il est pertinent de se disperser, donc de s’affaiblir, dans un monde concurrentiel où le réel danger est ailleurs. Surtout quand un étrange phénomène nommé chômage fait son apparition dans nos professions, en Suisse romande particulièrement.

Point final provisoire (divagation)

a) Tout le monde connaît La Course de la Reine Rouge, cet épisode célèbre d’Alice aux pays des merveilles où il faut se déplacer le plus vite possible pour rester à la même place. Bien qu’elle soit justifiée par des impératifs externes, j’ose me demander s’il ne faudra pas, à un moment donné, arrêter notre course à nous, plus pour prendre de la hauteur que pour prendre du recul et ainsi, vraiment, avancer.

b) Professions ou métiers de service, les nôtres. Nous les revendiquons. Mais il ne faut pas confondre service et servitude, et nous inféoder, comme des gentils appendices utiles, au monde de l’économie à la recherche d’une légitimité que nous avons de toute manière. Faisons nôtre le slogan d’un certain système d’explotation libre : “The Power to Serve” (~ “le pouvoir de servir”).

Le pain et la brioche

Ajoutez un commentaire 2 juillet 2006

Les TIC, Marie-Antoinette et les pays en développement

sos: les priorités. Par BenideUne étrange ambigüité teint les rapports du “Premier Monde” compatissant avec les désormais pays “émergents”. Les nouvelles technologies vous sauveront, disent à l’unisson la gauche et la droite, les chefs d’entreprise et les responsables de bibliothèque, les ministres et les opposants. Un déferlement d’idées “originales” envahit la presse et les rencontres internationales. Après avoir critiqué la sournoise dépendance suscitée par Nestlé et son “généreux” lait en poudre pour l’Afrique, et les philantropiques dons de hardware bourré de logiciels microsoft pour ces mêmes pays, nous voici pâmés devant les pc à 100 dollars fonctionnant à l’huile de coude et équipés de Linux. “On a enfin trouvé quelque chose de bien (ou debian) pour le ‘tiers monde’, les nouvelles technologies sont à leur portée”. Bien que certaines distributions Linux n’aient rien à envier (au contraire) en richesse, stabilité et légèreté (elles le sont davantage) aux systèmes d’exploitation propriétaires, elles ont quand même besoin d’internet - et pas du bas débit - pour être mises à jour, et les plus récentes nécessitent une certaine dose de mémoire vive, entre autres, peu fréquentes dans du matériel au rabais. En outre, une formation s’avère nécessaire pour les maîtriser -l’accès à l’éducation est donc primordial, et prioritaire. Ce que tendent à ignorer certains -on a lu récemment dans un journal comment dans certains endroits de l’Inde des paysans pouvaient consulter la météo et les prix du grain grâce à des outils informatiques mis à leur disposition et -se réjouissait le journaliste -”sans avoir même besoin de savoir lire”!

Les médicaments génériques constituent une bonne solution pour l’accès à la santé, mais ils ne sont pas des remèdes “allégés”, la seule différence avec des médicaments “propriétaires” c’est la marque et le prix. Ils faudrait donc d’une part, offrir des logiciels libres bien entendu, et d’autres si besoin est, mais dans du matériel performant, et donner l’accès aux réseaux mondiaux au plus grand nombre. Il faudrait aussi, d’autre part, réconsidérer les priorités et se focaliser davantage sur ce qui bloque vraiment l’accès des millions d’individus aux savoirs (occidentaux) mais surtout leur accès à la vie (eau, nourriture, paix). Que Mallarmé veuille bien me pardonner mais “un clic de souris jamais n’abolira la faim”.

Pour ceux qui demandent avant tout du pain, la brioche technologique a un arrière goût amer.


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