Une étrange faune : l’anarchiviste et le biblioteckel Le pain et la brioche

Onomastique du libre

17 juin 2006

Confrérie. Image adaptée du site de la Cofradía digital

Depuis la boucle récursive de Stallmann (Gnu =Gnu’s not Unix), subtile allusion à la programmation tout en restant ludique et zoologique, la faune du libre s’est bien développée et suivant l’évolution darwinienne, des espèces sont mortes, d’autres sont nées et d’autres ont évolué. Au moment, essentiel, de nommer les choses (les logiciels) les références zoologiques ont la côte, suivies de celles à la bande dessinée et au monde de l’enfance. Il y a bien entendu , les fidèles au maître, tels Gnutella, protocole à tartiner pour le P2P et Gnuteca, logiciel carioca de gestion de bibliothèques. Mais, en dehors des surprises que certains acronymes nous réservent, on remarque aussi, au fur et à mesure que le libre devient “fréquentable” en entreprise, un souci de certains créateurs pour donner à leurs produit un nom “biznes compliant”. Faisons un petit tour dans l’onomastique du libre.

Précisons qu’il y a deux tendances principales: une, la plus répandue, consiste à trouver une mascotte animalière même si on donne pas le nom de l’animal au soft produit (un peu comme quand on appelle son doudou ourson “pupinet” ou quelque chose du genre). C’est le style Linux avec son manchot Tux et PHP avec son éléphant. L’autre va puiser des noms directement dans le royaume animal, le neuvième art ou bien joue avec des acronymes suggestifs de tout genre.

Je fais un aparté pour signaler le curieux rapport de Mr Bill avec les éléments conçus pour fermer les ouvertures naturelles des maisons, celles, qui précisément, les ouvrent à l’extérieur. Ainsi son nom, Gates ( qui peut se traduire par « portes ») fait écho au nom de son OS phare , les « Fenêtres ».

Côté distributions Linux, justement, on est plus bédéistes ou amateurs d’histoires en tout genre. Debian marque le pas avec ses moutures nommées comme les personnages de Toy Story (la dernière stable est “Sarge” mais il y a eu auparavant “Hamm”, le cochon-tirelire et “Woody” le cowboy). Sous son vernis de culture classique, la distribution Xandros fait un petit deuxième degré classé SF : X - andros (homme en grec) = X - Men. Et chez Mandrake, devenu depuis Mandriva (procès et fusion aidant), l’allusion est évidente.

Dans un autre registre, on n’en vante plus le côté mignon et performant du petit panda roux, qu’on préférera certainement à l’explorateur binoclard armé d’un fusil de chasse, même si, dans la réalité, la position du gracieux firefox risquerait d’être plus inconfortable.

Là où le foisonnement est impressionnant c’est du côté des CMS open source. Ici les références sont multiples. Ça commence fort avec l’atomique PHPNuke(nucléaire) et son fork apocalyptique Post-Nuke. Sous son apparente « coolitude », le puissant Xoops, qu’on prendrait innocemment par un croissement génétique de « zut » et « oups » ne veut rien dire d’autre que eXtensible Object Oriented Portal System. (Zut alors et…oups !).

Petit détour par leur cousins, les moteurs de blogs, dont les ténors font allusion à la publication et la structuration de l’info. Dot (point) clear et Word-press, ce dernier se sauvant par son slogan utopique tout un programme, tentative de conciliation entre art et programmation : « Code is poetry ». D’autres ont une dégaine plus rasta : Serendipity, performant mais moins connu, se promène avec nonchalance au gré des rencontres inattendues.

Dans l’univers impitoyable des CMS, il y a ceux qui concurrencent les outils propriétaires, non seulement par la qualité des performances et fonctionnalités, mais aussi par la vision marketing, qui inclue bien entendu le nom. Ainsi, en entendant eZpublish et CPS (vraiment au top par ailleurs), on sent, par synesthésie, l’odeur des cravates transpirantes et du café froid des réunions tardives d’entreprise.

Heureusement la légèreté est de mise. Le monde aquatique est à l’honneur avec Guppy (CMS sans base de données) et surtout avec Drupal (druppel veut dire goutte - en néerlandais, si je ne m’abuse), dont la modestie zen du nom contraste avec la puissance. On reste dans l’élément liquide avec Xaraya qui « ne veut rien dire » selon les dadaïstes de concepteurs, qui finissent par admettre une filiation avec le mot « raya » (raie manta en espagnol). En sortant de l’eau on danse avec Mambo, on flotte avec Plume et on revient aux bovins avec le sympathique YACS, qui non seulement lance un clin d’œil à l’ancêtre corné, le Gnu, mais possède aussi la qualité quasi tibétaine de l’autodérision. On craignait le pire au déchiffrement de l’acronyme et on découvre que Yacs veut dire, tout simplement « Yet another community system ». Encore un autre ? Et pourquoi pas…

Articles : Société, culture,

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